Avec l’adoption des amendements voulu par le Ministre de la santé et le lobby des médecins, le projet de loi achève son étape à la chambre des représentants. La version retenue a vidé l’article 6 de son contenu et annonce la fin du métier d’opticien tel qu’on l’a connu, car il va être remplacé par le métier de lunetier déjà pratiqué sans qualification requise dans des centaines de magasins à travers le pays . La décision semble être celle de tout un gouvernement qui a épousé la thèse du lobby des ophtalmologistes sans apporter la preuve que la réfraction pratiquée par les opticiens représente un danger sur la santé visuelle. Le ministre de la santé a bien voulu croire la version des médecins sans essayer de chercher plus loin, aucune étude scientifique ou épidémiologique. Dans tous les pays du monde l’opticien peut vérifier et adapter un trouble de la réfraction avec plus ou moins de prérogatives et une formation de deux années seulement (exemple de la France). Au Maroc, cet acte est qualifié d’exercice illégal de la médecine. Cette décision est l’incarnation même de la décision politique au détriments du citoyen qui devra payer les consultations à chaque fois qu’il voudra changer ses lunettes. Un passe droit sensé indemniser” sa sainteté le docteur en médecine BAC +11″, pour avoir accompli son rôle de citoyen en s’acquittant pour la première fois de ses impôts fin 2018, sinon comment peut-on expliquer que ces revendications n’aient jamais été exprimées avant 2019?
La décision de se séparer à jamais du métier d’opticien, et de ne garder que l’ophtalmologiste et l’orthoptiste dans la filière de la santé visuelle, prise par ce gouvernement, constitue un retour en arrière comme ce qui s’est passé en Tunisie il y a quelques années de ça . En effet dans le mémorandum adressé par les ophtalmologistes aux responsables du pays au mois de février, le modèle tunisien constitue un tiers du document fournis! et il semble que que cela ait fonctionné à merveille. De tous les modèles du monde, le ministre a choisi le modèle qui préservera les intérêts de la corporation. Malgré l’avis défavorable de la commission de l’éducation et des affaires sociales chargée de ce dossier depuis plusieurs mois, l’ordre est venu de favoriser une profession par rapport à une autre, sans doute pour les aider à faire passer une pilule appelée l’enseignement privé en médecine. En cette période de grandes contestations , il ne s’agit pas que de santé visuelle; l’intégration des étudiants en facultés de médecine privée au concours de l’internat pose un gros problème pour l’état et le gouvernement mise sur le très puissant ordre des médecins pour convaincre les étudiants du public de renoncer à leurs revendications.
Du coté des opticiens l’argument brandi par les ophtalmologistes privés ne convinc personne. On sait bien que les ophtalmologistes ont toléré et collaboré avec l’informel depuis des décennies sans que cela ne leur cause de problème d’éthique. Le dernier combat de l’opticien sera de convaincre les élus que le pays commet une grave erreur en voulant se passer de ses services et que c’est l’hôpital public déjà en difficulté qui se chargera d’accueillir les millions de marocains qui ne peuvent pas se permettre de consulter dans le privé avec le risque de voir une partie d’eux renoncer à la bonne vue . Chez les opticiens l’heure est donc à la grande mobilisation pour ne pas dire la dernière mobilisation en tant que profession respectée réglementée depuis 1954 . Un millier d’opticiens en formation, est lâché par des écoles accusées de pratiques illicites, n’a plus que sa voix pour crier contre l’injustice du système , les étudiants en optique ont eux aussi le droit de se poser des questions sur leur avenir tout comme les autres étudiants en médecine.