Le vieillissement est un processus dégénératif qui entraîne un dysfonctionnement tissulaire et la mort. Avec le temps, le système nerveux central (SNC) perd donc sa fonction et sa capacité de régénération. Les scientifiques de la Harvard Medical School ont réussi à restaurer la vision chez la souris en reprogrammant les cellules oculaires âgées de la rétine pour retrouver la fonction des gènes juvéniles.

L’étude qu’ils publient dans Nature, le 2 décembre 2020, décrit un processus qui permet d’inverser les marques du temps accumulées dans le génome pour effacer le vieillissement. Les chercheurs ont endommagé le nerf optique chez des souris adultes, puis injecté les gènes OSK (Oct4, Sox2 et Klf4, les trois gènes dans un même virus adénoassocié) dans l’œil de l’animal. Les cellules de la rétine infectées ont alors produit un cocktail de trois molécules. Ce traitement a permis de limiter la mort cellulaire des neurones endommagés, mais aussi de stimuler la croissance de nouveaux. L’équipe conclut avoir reprogrammé les neurones vers des stades plus juvéniles.

Les trois gènes choisis par les scientifiques sont utilisés depuis une dizaine d’années dans des expériences de dédifférenciation cellulaire. Il s’agit là de transformer une cellule adulte différenciée en une cellule souche pluripotente. Ces nouvelles données indiquent que les tissus de mammifères conservent un enregistrement d’informations épigénétiques de jeunesse – codées en partie par la méthylation de l’ADN – auxquelles on peut accéder pour améliorer la fonction tissulaire et favoriser la régénération in vivo.

Bien que ces résultats soient prometteurs et ouvrent la voie vers des applications multiples, les mécanismes utilisés ne sont pas maîtrisés et les expériences doivent être répliquées avant d’aboutir à une approche pour le traitement des maladies dégénératives. Sans oublier que moduler ainsi les cellules n’est pas sans risque : le rajeunissement cellulaire peut conduire à l’apparition de cancers.